Quand on parle de sport, on pense tout de suite au football. Et, avouons-le, les visages masculins dominent encore les terrains, les plateaux télé et les pages sportives. Pourtant, des femmes tracent leur propre voie, brisent les stéréotypes et imposent leur signature dans un univers encore trop fermé. Parmi elles, Amy Wane, une journaliste sénégalaise pour qui le sport est bien plus qu’une passion, mais un sacerdoce.
Diplômée du CESTI (Centre d’Etudes des sciences et techniques de l’information), elle cumule déjà plus de cinq ans d’expérience dans le journalisme sportif. Sur le terrain comme derrière l’écran, à la radio ou même à l’écrit, elle s’attache à raconter les histoires humaines cachées derrière chaque performance sportive. Reconnue aujourd’hui pour sa plume sensible et engagée, Amy Wane ambitionne de créer son propre média sportif, un espace dans lequel les femmes, les jeunes et les sportifs de toutes les disciplines auront toute leur place. Dans cette interview exclusive, découvrons cette férue de sport. Elle revient sur son parcours, ses défis et sa vision d’un journalisme sportif plus inclusif et humain.
Pourquoi avoir choisi le sport comme spécialité, alors que peu de femmes s’y engagent, était-ce une vocation ou un hasard du parcours ?
Ce n’est pas un hasard, mais une passion que je cultive depuis l’enfance. Je rêvais de devenir basketteuse, mais face au refus de ma famille, j’ai dû y renoncer. C’est alors que j’ai décidé de vivre ma passion autrement : à travers le journalisme sportif. Lors de mon entretien d’entrée au CESTI (Centre d’Etudes des Sciences et Techniques de l’information).
Comment s’est fait ton premier contact avec le journalisme sportif ? Un projet, une compétition, un reportage ?
J’ai grandi en suivant les grandes compétitions sportives : les Jeux olympiques, la Coupe du monde de football, les Mondiaux d’athlétisme… Je ne manquais aucune de ces rencontres majeures. Voici comment s’est fait mon premier contact avec le journalisme sportif.
Il y avait aussi une émission appelée Temps forts, diffusée chaque samedi sur la RTS, que je ne ratais jamais. Le journaliste qui l’animait avait cette capacité à transmettre sa passion du sport, ce qui m’a profondément marquée.
Selon toi, qu’est-ce que le regard féminin apporte de différent dans la couverture sportive ?
Il n’y a pas de différence : un journaliste reste un journaliste. La compétence n’a pas de sexe. Je suis une femme qui évolue dans un milieu très masculinisé, mais mes compétences ont toujours été reconnues dans les différentes rédactions où je suis passée, même si je sais que j’ai encore beaucoup à apprendre. Le chemin est long, et je n’ai pas encore atteint tous mes objectifs. Mais je suis convaincue d’une chose, chaque journaliste, qu’il soit homme ou femme, possède une singularité, une touche qui le caractérise et fait sa force.
Quels types d’obstacles ou préjugés as-tu rencontrés comme femme journaliste sportive ?
Je n’ai pas réellement rencontré d’obstacles majeurs. Au Sénégal, la voie a déjà été tracée : il existe des journalistes sportives reconnues et respectées. En revanche, les préjugés persistent. Ce sont les mêmes que subissent les femmes dans de nombreux domaines, mais ils sont particulièrement présents dans le milieu du sport, que beaucoup considèrent encore comme un univers réservé aux hommes.

“ J’ai moi-même été la cible d’insultes après l’élimination du Sénégal lors de la Coupe du monde 2022. Mon analyse n’a pas plu à certains supporters, et j’ai reçu des commentaires du genre “va cuisiner au lieu de parler de sport”. Franchement, ça m’a fait sourire.
Qu’est-ce qui te plaît le plus dans le journalisme sportif : le contact avec les athlètes, la narration, l’analyse, ou autre chose ?
Ce qui me passionne, c’est la narration : raconter les histoires qui se cachent derrière les performances sportives, mettre en lumière les récits humains. J’aime partir à la rencontre des sportives, découvrir leurs parcours, leurs doutes, leurs victoires intimes. Faire le compte rendu d’un match, annoncer un résultat ou couvrir une séance d’entraînement, c’est important, mais cela ne dit pas tout. Ce qui m’intéresse, c’est ce qu’il y a au-delà du score, là où se révèlent la force, la résilience et l’humanité des athlètes.
Quel conseil donnerais-tu à une jeune fille sénégalaise qui rêve de devenir journaliste sportive ?
Je leur dirais de foncer et de vivre pleinement leur passion. Le journalisme sportif est un métier exigeant, mais il devient passionnant quand on aime ce qu’on fait. Il faut aussi continuer d’apprendre, de se cultiver, de nourrir sa curiosité. Le sport évolue sans cesse. C’est en restant ouverte, rigoureuse et passionnée qu’on trouve sa place, peu importe qu’on soit une femme ou un homme.




